Lorsqu'on donne la raison d'un fait quelconque, on peut la présenter de plusieurs manières:
❏ D'abord, on peut la présenter comme étant la vraie cause:
ex: Je suis heureux, parce qu'elle m'aime.❏ Ou bien on répond à quelqu'un qui nous a demandé la cause d'un fait, alors que l'on estime que la cause est tellement claire, tellement évidente, qu'on se demande vraiment pourquoi il n'a pas trouvé la cause lui-même.
Paul habite à Avignon. Pierre qui vient de Montréal (au Canada), et qui est de passage à Avignon, lui demande:
« - Est-ce que tu m'amènes voir la Tour Eiffel, cet après-midi?
- Non.
- Pourquoi?
- Parce que ce n'est pas possible.
- Et pourquoi est-ce que ce n'est pas possible?
- Parce qu'elle est à Paris. A huit cents kilomètres d'ici.
- Et alors? On ne peut pas la visiter?
- Eh non! On ne peut pas la visiter, puisqu' elle est à Paris. »
Autrement dit, Paul se demande pourquoi Pierre ne comprend pas pourquoi ils ne peuvent pas visiter la Tour Eiffel, et, en donnant l'explication par puisque, il insiste sur le fait que la question est superflue, parce que la réponse est évidente. (Du moins pour lui!)
❏ On peut encore reprendre une cause donnée par quelqu'un d'autre en la présentant comme suspecte, voire même fausse ou mensongère.
Mais c'est la raison qu'il donne, lui. Moi, je n'y crois pas, à cette maladie. La vraie raison, c'est qu'il a un poil dans la main! (C'est-à-dire qu'il est paresseux).
❏ on peut encore souligner une cause en lui adjoignant une raison que l'on estime importante, parce qu'elle soutient la cause, ajoutant ses effets à ceux de cette cause (en plus, en quelque sorte).
La cause de l'accident est évidemment le fait qu'il conduisait en état d'ébriété. Il n'aurait jamais dû prendre le volant. Pour quelle raison? Parce qu'il était soûl. Raison supplémentaire: je lui avais dit de prendre un taxi.
On notera que nous parlons ici de raison et non pas de cause.
En effet, pour nous, la cause est la raison absolue, la seule explication. Par exemple, Paul est mort d'un arrêt du cœur. On pourra dire que l'arrêt du cœur est la cause (la raison unique) de la mort de Paul.
Mais lorsqu'on a plusieurs raisons possibles, il est impossible de parler de cause: On parle simplement de raison. Pour revenir à l'exemple de l'homme mort sur la route, on peut se demander quelle est la cause de son accident.
L'alcool est une explication, mais il y a des gens qui conduisent en état d'ébriété sans pour autant mourir sur la route. Le fait qu'il n'ait pas pris de taxi est aussi une explication, mais pas la cause de la mort sinon, tous ceux qui ne prennent pas de taxi devraient mourir! L'explication est en fait une chaîne de circonstances: chacune de ces circonstances est une raison expliquant la mort de ce conducteur. La cause de sa mort est l'ensemble de toutes ces raisons.
❏ on peut encore présenter une cause (ou une raison) comme n'étant pas la bonne, et ajouter quelle est la vraie raison.
❏ et enfin, on peut présenter plusieurs raisons comme étant la cause possible, sans choisir parmi elles.
n peut aussi, au lieu de soit que, employer soit parce que.
Rappelons avant tout que c'est celui qui parle, ou qui écrit, qui décide de présenter les choses comme étant vraies.
Règle :
on emploie parce que lorsque la subordonnée se place après la principale.
au contraire, on emploie comme lorsque la subordonnée se place avant la principale.
Vous voyez sur le schéma ci-contre que le même ordre chronologique (Cause → fait) correspond à deux ordres différents dans le texte:
Nous conseillerons à la lectrice germanophone de bien respecter cette distinction.
La phrase:
Ces deux locutions ont la même signification que parce que. Elles peuvent aussi bien s'employer avant la principale qu'après.
Pourtant, il faudra noter qu'elles s'emploient dans une langue plus soutenue, par exemple, en mathématiques:
Dans un tel cas, la mathématicienne (qui s'appelle Albertine) préférera la première des deux versions. En effet, l'information essentielle est celle qui est nouvelle, celle qui nécessite la réflexion, à savoir la conclusion selon laquelle le triangle est équilatéral.
On trouvera plus généralement ces deux locutions conjonctives dans des textes scientifiques, juridiques ou administratifs.
Mais si vous écrivez des textes très sérieux, vous pouvez les employer. Evitez de le faire, pourtant, dans des textes à caractère familier, tels que des lettres à des amis, ou des lettres d'amour, sauf, bien sûr, si votre amoureux est snob ou particulièrement intellectuel.
Ces deux conjonctions sont elles aussi synonymes de parce que. Elles peuvent toutes les deux s'employer aussi bien avant qu'après la principale. Pourtant, elles sont d'un emploi plus particulier.
- attendu que s'emploie surtout dans le langage judiciaire.
D'ailleurs, on appelle les attendus la longue série de faits expliquant la condamnation d'un individu (il a trompé sa femme, frappé ses enfants, tué sa mère et son père ...). Nous ne vous en souhaitons pas autant!
- la locution vu que s'emploie dans une langue administrative, mais aussi, chose curieuse, dans la langue familière, voire argotique.
Le module eGrammaire / Grammaire participative est en pleine révision.
++ © Christian Meunier ++