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3.2 Emploi du présent


Commençons par le présent, le temps le plus banal, puisqu’il sert à relater les actions qui se passent au moment même où on les vit. On serait tenté d’en rester là. Pourtant, puisque nous sommes dotés d’un cerveau, nous allons nous en servir pour faire l’inventaire des types d’actions les plus prometteurs pour nous.

Notons que nous ne ferons pas de différence entre « action » et « état », tout simplement parce que, contrairement à ce que pensent certains, ce trait n’est pas pertinent pour le choix des temps. Nous emploierons donc le mot « action » pour ce que désigne le verbe, que ce soit un acte ou un état de fait.

En effet, on peut avoir plusieurs raisons de parler d’une action au présent :

  • L’action est constamment en train.
  • On vit l’action, ou on en est le témoin.
  • L’action se répète de façon périodique.
  • L’action est déclenchée régulièrement par une autre.


3.2.1 L’action est constamment en train.

Tandis que vous vous décontractez en lisant ce chapitre de grammaire, la terre tourne. Dire « la terre tourne. » décrit une action qui, à l’échelle de notre vie, est constamment en train.

On peut ajouter à ce genre ce qu’il est coutume d’appeler un présent de vérité générale :

En hiver, à Berlin, il fait froid.
Les mouches ont six pattes. (sauf peut-être à Tchernobyl)
Le jour, le soleil brille. (sauf en hiver au-delà du cercle polaire)

En fait, dans une époque de réchauffement climatique, on ne peut plus tellement faire confiance aux « vérités générales ». Certains poissons mâles deviennent femelles, dans nos lacs et rivières, à cause de l’œstrogène des pilules anticonceptionnelles que les stations d’épuration n’arrivent pas à filtrer.

Les généticiens greffent un gène de saumon sur des fraises pour leur permettre de résister au froid.

Ansi, la vérité générale contenue dans la phrase « Les poulets se déplacent sur deux pattes. » sera remise en question lorsque les généticiens auront décidé qu’il vaut mieux faire des poulets à 4 pattes en greffant un gène de chien sur le génome du poulet, sous prétexte qu’un poulet à 4 cuisses est plus rentable que la version actuelle à 2 pattes, donc, 2 cuisses. Et lorsqu’ils auront réussi la greffe d’un gène de mille pattes sur un embryon de poulet, alors, un seul poulet fournira le repas de midi d’une cantine d’école.

Plutôt que de parler de vérité générale , nous nous contenterons de constater toutes les actions dont le déroulement est vérifiable à tout moment. Il est normal qu’une telle action, qui se déroule au moment où l’on en parle, soit mise au présent.


3.2.2 On vit l’action, ou on en est le témoin.


Vous êtes dans la rue à Marseille, et un jeune homme vous arrache le collier que vous avez autour du cou. Vous êtes au cœur de l’action. Vous pourrez crier :

Au secours ! On me vole mon collier.

Si c’est le collier d’une autre personne que l’on vole sous vos yeux, vous êtes forcément témoin, et vous pouvez crier, pour alerter d’autres personnes :

Au voleur ! On vole un collier !

La différence avec le type d’actions précédent, c’est que l’action vient de commencer, et qu’elle n’est pas encore terminée.

Le journaliste qui commente, en direct, un match de football relate des actions dont il est le témoin au moment même où elles se produisent.


3.2.3 L’action se répète de façon périodique.


Tous les ans, vous prenez vos vacances au mois de juillet. Voilà une action qui revient périodiquement. Et même si vous êtes en décembre, vous pourrez dire :

« Moi, je prends mes vacances au mois de juillet. »,

car il en était ainsi jusqu’à présent, et qu’il en sera ainsi dans le futur. Le présent témoigne du fait que lorsque le moment propice arrivera, le mois de juillet, vous partirez en vacances. Ce qui est valable au moment où l’on parle, c’est le lien :

juillet ⇒ je prends mes vacances.

Nous appellerons cette combinaison de 2 ou plusieurs actions un « train d’actions ».

Si vous vous rendez chaque année, pendant vos vacances, à Sanary-sur-Mer, vous aurez la combinaison :

Chaque année, en juillet, je prends mes vacances et je me rends à Sanary-sur-Mer.
Juillet ⇒ vacances ⇒ Sanary-sur-Mer.


3.2.4 L’action est déclenchée régulièrement par une autre


Dans le cas ci-dessus, c’est le calendrier qui déclenchait une action. Mais quelquefois, la combinaison contient une action déclenchante, qui entraîne une série d’autres actions. Puisque nous parlons de train d’actions, nous aurons une locomotive qui entraînera derrière elle des wagons, des actions qu’elle aura déclenchées.

Par exemple, certaines personnes ont des problèmes quand elles mangent des fraises.

Quand mon beau-frère mange des fraises, il a des boutons. Alors, il se gratte du matin au soir, ce qui le met de très mauvaise humeur.

Fraises ⇒ boutons et fièvre ⇒ se gratte ⇒ mauvaise humeur

Là aussi, le présent se justifie parce que la combinaison décrite ci-dessus est toujours valable. Ce qui est présent, c’est donc la menace : Si tu manges des fraises, tu sais ce qui va t’arriver. Autrement dit, le train est toujours sur le plan, même s’il n’est pas encore arrivé dans la gare où je me trouve.

Le présent ne suffit malheureusement pas au bonheur du Français. Et comme il s’y sent à l’étroit, il a inventé deux méthodes qui transportent l’une le passé, l’autre le futur, dans le présent.


exercice

Maintenant, faites un exercice sur l'emploi du présent :

exercice

3.2.5 Les extensions du présent


Il est tout à fait normal que quelqu’un qui a appris à réfléchir en apprenant à parler sa langue maternelle se serve de celle-ci pour déclencher chez son auditeur certaines réactions.

Par exemple, un enfant qui joue au football dans la salle à manger malgré les interdictions parentales et qui casse un vase, aura plutôt tendance à dire « il s’est cassé » que « je l’ai cassé ». En effet, la première solution laisse supposer, en faisant du vase le sujet (il) et l’objet direct (s’), le seul acteur de l’histoire.

Lorsqu’il s’agit des temps, dont l’usage est à la limite de la subjectivité, cela est vrai aussi. Vous avez vraisemblablement déjà vécu cette situation, lorsque vous étiez enfant.

petite histoire Une petite histoire

Vous êtes plongée, chère lectrice, dans une lecture palpitante, lorsque votre mère vous appelle : « Chérie, à table ! »

Bien sûr, vous savez que la soupe est chaude, et qu’elle va refroidir. Mais voilà : le héros est accroché au bord de la falaise, et le méchant s’apprête à lui écraser les mains à coups de bottes.

Vous voulez savoir, au minimum, si le héros va s’en sortir. Mais votre mère continue à vous appeler. Pour la faire patienter, vous lui dites : « J’arrive! » ce qui est faux, du moins au présent, puisque vous êtes toujours vautrée sur votre lit, l’œil rivé sur le livre. Mais ce présent doit rassurer votre mère, qui, dans sa tête, doit vous voir arriver.


3.2.5.1 Le futur proche


Quand vous voulez parler de faits futurs, tout en transportant, dans la tête de votre locuteur, ces faits dans le présent, vous aurez recours à ce que l’on appelle le « futur proche », qui est en fait un futur transporté dans le présent. Pour cela, vous emploierez le verbe aller conjugué au présent, suivi du verbe à l’infinitif.

Si vous prévoyez des travaux, et que vous voulez que votre interlocuteur vous voie au travail, vous pourrez employer le futur proche :

« Nous allons abattre cette cloison. Ensuite, nous allons abattre celle-là et monter un mur de séparation là . »

Ainsi, votre client vous voit déjà en pleine réalisation des travaux, et cela va le tranquilliser.

important Important :

Le verbe « aller » n’est pas un auxiliaire, d’abord, parce que, en français, les auxiliaires sont suivis d’un participe, et non d’un infinitif, et ensuite, parce que « aller » dans ce sens là ne s’emploie qu’au présent et à l’imparfait de l’indicatif.


On se sert du sens de « aller » , qui désigne un déplacement vers quelque chose ou quelqu’un. Pour aller chercher quelque chose, on se déplace, et puis on prend ce que l’on est venu chercher.

Lorsqu’on menace « je vais te tirer les oreilles », on veut donner l’impression que l’action est en marche, pour se rapprocher du moment fatidique où l’action de l’infinitif aura lieu. Ainsi, au lieu d’atteindre le futur, on envoie, comme une amibe, un pseudopode et on rend présent le futur, pour montrer qu’on en est vraiment très près.

L’Allemand, lui, va encore plus loin. Quand on lui dit de venir, il dit « Ich komme schon » (Je viens déjà ), ce qui est exagéré, car il montre comme pratiquement finie une action qui n’a même pas commencé.

notons

Retenons que :

« Demain, j’irai le voir pour lui demander l’argent qu’il nous doit » replace l’action dans le futur, qui est le moment où elle aura lieu.

« Demain, je vais le voir pour lui demander l’argent qu’il nous doit » amène, dans nos têtes, une action future au moment présent, pour bien montrer que « c’est comme si c’était fait. »


3.2.5.2 Le passé immédiat


Le passé immédiat, lui, amène l’action passée dans le présent, pour montrer qu’elle est encore toute fraiche dans nos mémoires.

petite histoire Une petite histoire

Par exemple, Wilfrid répare la machine à laver. Son fils a laissé tomber un couteau dans la machine, lequel couteau est tombé entre le tambour et la cuve.

Il a travaillé 2 heures à démonter la machine, dévisser les 200 vis qui relient ensemble les deux moitiés de la cuve. Il a réussi à retrouver et à enlever le couteau. Il a revissé les 200 vis et refermé la machine.

Ensuite, il a pris une douche, s’est versé une bière bien fraiche. Et c’est à ce moment qu’est arrivé son fils : « Papa, la machine ne marche plus. »

Wilfrid s’écrie : « Je viens à peine de la réparer. »

En effet, même si la réparation est terminée, Wilfrid, qui a passé 2 heures sur la machine, veut insister sur le fait que la réparation est encore toute fraiche. Le « je viens de la réparer » replace ce fait passé dans le présent.

notons Notons :

Le passé immédiat et le futur proche replacent tous les deux des faits respectivement passés ou futurs dans le présent, pour des raisons stratégiques.


exercice

Maintenant, faites un exercice sur l'emploi des extensions du présent :

exercice

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