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Grammaire... Vous avez dit "grammaire" ?

Avant de se lancer dans l'étude d'une grammaire, il serait bon de se demander ce que l'on va y trouver. Pour beaucoup de gens, la chose est claire: une langue se compose d'un vocabulaire et d'une grammaire. Le vocabulaire, c'est l'ensemble des mots, et la grammaire, c'est la façon de s'en servir.

Comme dirait Cyrano, c'est un peu court, jeune homme!

Nous n'allons pas essayer de définir ce qu'est une grammaire, mais plutôt ce que nous voulons mettre dans la nôtre.


1. Les domaines linguistiques abordés par la grammaire

Je suppose que vous avez besoin d'une grammaire pour avoir une description du français. Vous voulez savoir comment il fonctionne, afin de pouvoir comprendre, mais aussi parler ou écrire cette langue correctement. Dans ce cas, considérez-vous comme mon invitée... Vous vous étonnez que je m'adresse à une femme? Etant donné que la majorité des gens qui s'occupent de l'enseignement des langues sont des femmes, que la majorité des étudiants de français sont en fait des étudiantes, vous conviendrez avec moi que j'ai plus de chance de m'adresser à une femme qu'à un homme. Je me permettrai donc de m'adresser à une lectrice... Et si vous êtes de sexe masculin, faites l'effort que doivent faire les femmes que l'on appelle homme (homo sapiens) pour vous identifier à ma lectrice...

Partons, si vous le voulez bien, du principe que notre grammaire doit décrire le fonctionnement du français.


Pour fonctionner, une langue a bien sûr besoin d'unités de sens.

⇒ Le linguiste appelle la plus petite unité de sens un lexème, ou un morphème lorsqu'il a un sens grammatical.

Par exemple, chat est un lexème, qui représente l'animal bien connu, alors que un est un morphème, puisqu'il a une dimension grammaticale :

un masculin / singulier

qui s'ajoute à ses valeurs lexicales:

quantité = 1 / indéfini

Bien sûr, vous vous dites: « Mais... Ce sont des mots...». Ce n'est pas tout-à-fait vrai. Prenons l'exemple chaton. C'est un mot. Mais vous pouvez reconnaître deux parties:

  • chat = l'animal bien connu
  • on = suffixe diminutif

Vous retrouvez d'ailleurs le lexème -on dans d'autres mots:

  • un caneton -> un petit canard
  • un girafon -> une petite girafe
  • un ânon -> un petit âne
  • un garçon -> un petit gars

⇒ Mais ces lexèmes / monèmes sont eux-mêmes constitués d'unités plus petites, qui ne signifient rien par elles-mêmes, mais qui servent à construire les unités porteuses de sens, et que l'on appelle, pour l'oral, des phonèmes, et pour l'écrit, des lettres.

Ainsi, le lexème pot est constitué des 2 phonèmes /po/, et des 3 lettres {pot}.

⇒ Mais ces éléments ne sont que des pièces qui, pour fonctionner, doivent être organisées en groupes qui s’agencent dans ce que l’on appelle une phrase. Cette phrase doit former des paragraphes, ces paragraphes des chapitres, ces derniers des livres etc. Pour organiser le travail de ces unités, on construit un squelette, qui est assuré à l’oral par l’intonation (mélodie, accent tonique, rythme), dont la manifestation écrite sont les signes de ponctuation, espace compris.

Nous avons donc trois sortes d'unités de base:

  1. Les unités porteuses de sens : lexèmes / morphèmes
  2. Les unités non porteuses de sens, qui servent à composer les unités porteuses de sens : les phonèmes à l’oral, les lettres à l’écrit.
  3. Des phénomènes permettant d’organiser la parole en unités de sens, l’intonation à l’oral, et la ponctuation à l’écrit.


Enfin, n’oublions pas les informations que tout ce système est chargé de véhiculer.

signifié / signifiant

Le mot chat , qui est un signifiant (un outil représentant une réalité concrète ou abstraire) se réfère à un signifié, la réalité qui est représentée par le signifiant, à savoir l’animal à quatre pattes et à queue touffue, représenté chez moi par Lulu, un birman affectueux qui vient me réveiller le matin en miaulant.

Maintenant, il faudrait voir comment on assemble les unités de sens entre elles.

Vous pourriez, chère lectrice, être tentée de penser que cela se fait grâce aux règles syntaxiques. N'allez pas plus vite que la musique.

Admettons que je veuille décrire l'image suivante:


Cet homme court dans la rue.


Cet homme court dans la rue.


Comment expliquer cette phrase?


L'utilisation des lexèmes

homme, courir, dans, rue./p>

➭ Pourquoi est-ce que j'emploie les lexèmes homme, courir et rue? J'ai recours pour cela à des règles sémantiques: il faut connaître la signification des lexèmes pour utiliser celui qui convient.

➭ Pourquoi est-ce que j'emploie le lexème dans, et non pas, par exemple, sur, comme n'importe quel Germanophone le ferait? Pour l'expliquer, il faut avoir recours à des règles de pragmatique.

« Qu'est-ce donc que cela? », vous demandez-vous. Eh bien c'est très simple: les Français ont une certaine façon de voir ce qui les entoure.


L'utilisation de la préposition dans

Pour un Français, voici une rue:


pronom personnel sujet

Elle comprend la chaussée sur laquelle roule les voitures, les trottoirs mais aussi les murs des maisons qui la longent.

Donc, l'homme marche dans la rue.

En bas, à droite, se trouve une route, composée elle aussi d'une chaussée. Mais la route n'est pas enfermée dans des murs.

Donc, Les voitures roulent sur la route.


Straße


Et voilà une Straße pour un Germanophone. Pour lui, il n'y a pas de différences fondamentale entre une "Straße" en ville, ou une autre dans la campagne.

Dans tous les cas, il se déplace auf der Straße (sur la rue / sur la route).
eine Straße

Vous comprendrez aisément pourquoi on emploie dans, alors que l'Allemand pensera sur.

Qui a raison? Le Français en français, et l'Allemand en allemand.


Comment expliquer maintenant le morphème la ?

Il faut avoir recours à la syntaxe: les lexèmes substantifs ont une caractéristique syntaxique nommée genre. Ici, le lexème rue est féminin. On pourrait être tenté de dire qu'il s'agit là d'une caractéristique de sens. Mais comme une rue n'a pas de sexe, elle pourrait aussi bien être masculine. Par exemple, une table est féminine en français (la table), alors qu'elle est masculine en allemand (der Tisch).

Mais il faut aussi avoir recours à la sémantique. En effet, si l'on dit la au lieu de une, c'est parce qu'il n'y a ici qu'une seule rue. Elle est donc définie. En outre, tout le monde peut la voir.


Comment expliquer maintenant le morphème cet ?

D'abord, il va falloir avoir recours à la sémantique, pour expliquer que l'on montre l'homme. Donc, on emploiera un démonstratif. Ensuite, on aura recours à la syntaxe pour expliquer pourquoi on emploie un masculin. Et enfin, il faudra avoir recours à la phonétique, donc à la prononciation pour expliquer le t de cet.


Comment expliquer l'ordre des mots et la conjugaison du verbe courir?

Nous aurons ensuite recours à la syntaxe pour expliquer l'ordre des mots, et pour expliquer la conjugaison du verbe courir.

notons Notons :

Il ne nous reste plus qu'à résumer quelles catégories de la linguistique nous avons utilisées pour décrire cette malheureuse phrase:

  1. la syntaxe,
  2. la sémantique,
  3. la phonétique et
  4. la pragmatique.


Vous ne serez donc pas surprise, ma très chère lectrice, que nous ayons recours à ces quatre domaines dans cet ouvrage. Cela ne veut pas dire que nous allons envisager tous les aspects de ces sciences. Nous nous contenterons de prendre dans chacune ce dont nous avons besoin.

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