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Avant-Propos


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Chacun sait que le français est une langue. Mais bizarrement, rares sont ceux qui font un rapprochement entre la langue en tant que système linguistique et la langue en tant qu’organe de la parole.

L’école fait un grand usage de l’écrit sous la forme de livres, de cahiers destinés à contenir les notes prises par les élèves ou de feuilles de copies qui contiennent les devoirs ou les contrôles des apprenants.

Le téléphone portable, dont on aurait pu penser qu’il favoriserait l’usage de la langue orale, sert le plus souvent à établir un lien par écrit avec les réseaux sociaux, qui encouragent à expédier des SMS ou de simples prises de position sur des forums.

La lecture de ces écrits montre les énormes difficultés que pose la langue écrite par rap-port à la langue parlée. Voici un exemple tiré d’un forum sur le chanteur Johnny Hallyday.


Texte fautif


Celui qui a produit ce texte et qui nous pardonnera si nous ne citons pas son nom aurait eu zéro s’il s’était agi d’une dictée. Il a tendance à ne pas redoubler des consonnes qui devraient l’être (*ocasion, *comerce), ou à redoubler des consonnes qui ne devraient pas l’être (*pensser, *êttre). Il se trompe de nature de mot (*se cd au lieu de ce cd, *se n’est pas au lieu de ce n’est pas), conjugue un pronom (on l’intégrera/on pouvait penser) comme si c’était un verbe (*ont), confond le participe (sera considéré/allait être intégré) avec l’infinitif *sera considérer/ *allait être intégrer), conjugue mal (on pouvait / *on pouvais), et il ne sait pas distinguer le participe passé (après un auxiliaire) intégré de l’infinitif intégrer.

Mais si ce texte est lu à haute voix, l’auditeur ne remarquera à l’oreille que deux erreurs : *puisque il [pɥiskəil] au lieu de puisqu’il [pɥiskil], et, à condition de faire la liaison [ʁ] aller être intégré [a-lɛ-ʁɛ-tʁɛ̃-te-gʁe] au lieu de allait être intégré [a-lɛ-tɛ-tʁɛ̃-te-gʁe].

La grande majorité des fautes passent donc inaperçues à l’oral.

On remarque à cette occasion que le français écrit est beaucoup plus complexe que l’oral, justement à cause des consonnes redoublées ou non, des nombreuses lettres écrites qui ne sont pas prononcées, des accords nombreux qui sont inaudibles à l’oral, des diverses formes conjuguées complexes qui s’écrivent différemment alors qu’elles sont lues de façon identique (j’interpelle [-ɛl]- / nous interpellons [-əl-], etc.

Le français oral est la langue de base, celle que les enfants apprennent intuitivement, au contact de leurs parents et de tous ceux qui les entourent. Ils acquièrent ainsi une gram-maire intuitive qui leur servira à maîtriser le français oral nécessaire à leur existence, jusqu’au moment où ils apprendront à lire et à écrire, et où ils commenceront à apprendre la grammaire cognitive, qui leur enseignera les pronoms, les accords dont celui du participe, les conjugaisons et l’emploi des voix, des modes et des temps, la construction des com-pléments et des subordonnées, le discours indirect etc.

L’oral, qui est donc la langue de base, est aussi celle de la pensée. Lorsque l’on essaie d’argumenter dans sa tête, on le fait comme si on parlait. Évidemment, plus on avance dans les études, plus l’oral dont on dispose est évolué. Mais il n’en demeure pas moins que l’on apprend à penser et à réfléchir en même temps qu’on apprend le français oral.

C’est cette même langue orale qui nous permet d’appréhender le monde autour de nous. Apprendre une autre langue, c’est apprendre à voir les choses sous un autre angle. Quand le Français dit « L’habit ne fait pas le moine. » l’Allemand dit « Kleider machen Leute. » (« Les habits font les gens. ») Et en fait, ils ont raison tous les deux : Ce n’est pas parce que quelqu’un est habillé en moine qu’il en est forcément un (vision des Français), mais en re-vanche, si on veut tromper des gens, on attirera plus leur confiance si on est habillé en moine, ou en policier, que si on est habillé comme tout un chacun (vision des Allemands).

La langue orale est donc d’une importance primordiale. Pourtant, si l’on regarde dans les livres de grammaire les plus connus, on constatera que la phonétique, et l’intonation en particulier, sont réduites à la portion congrue. On trouve même des livres de chercheurs en intonation dans lesquels aucun exemple n’est écrit en écriture phonétique, ce qui amène à raisonner sur de l’écrit, ce qui est bizarre pour une étude sur l’intonation, phénomène tou-chant l’oral. Il est donc temps que l’on aborde la grammaire sous un autre angle et que l’on accorde à la prosodie, et en particulier à sa composante l’intonation, l’attention qu’elles méritent.

Nous nous proposons ici de présenter la prosodie du français sous un angle didactique, tenant compte des phonèmes, des syllabes, des monèmes, de la décomposition en mots phoniques ainsi que de l’intonation, et de montrer son influence tant sur le français oral que sur le français écrit, tant dans la grammaire intuitive que dans la grammaire cognitive. Nous traiterons aussi bien du décodage (compréhension orale) que du codage (production orale).

Cet ouvrage est fait avant tout pour sensibiliser les enseignantes et les enseignants à l’importance de l’utilisation de la prosodie, y compris sa composante intonation, dans l’enseignement du FLE en particulier, de la grammaire du français tout court au sens large.

L’enseignante et l’enseignant intéressés trouveront sur notre site www.la-grammaire-du-fle.com une formation en phonétique corrective pour les enseignantes et les enseignants de FLE, ainsi qu’un apprentissage théorique et pratique de la prononciation (compréhension et production orales) pour les apprenants. Cette formation en phonétique corrective vient compléter notre petit guide {Meunier 2015a}.

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Le livre Enseigner la Valence des verbes vient de sortir. il contient le texte complet de la grammaire de ce site et les activités et exercices pour les apprenants.