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Complétez par un possessif chaque fois que c'est possible Sinon, utilisez une forme de substitution.

C'était en 1961. Le père de Christian venait de passer [01] permis de conduire, et avait acheté[02] première voiture, une splendide Peugeot 203 de couleur noire, qui n'avait pas connu Cléopâtre, mais sans doute [03] fils.
Comme tous les ans, ils allaient passer [04] vacances à Nice, chez [05] tante, qui possédait un grand appartement. Mais cette année, pas de problème: ils n'auraient pas besoin de porter [06] valises: l'auto les attendait devant la porte. Fier comme Artaban, [07] père était déjà installé au volant, alors que tous les bagages étaient encore dans [08] appartement.

Papa leur fit bien vite comprendre que chacun devait remplir [09] rôle. [10] était de conduire le carrosse familial. Celui de [11] mère était de préparer les valises, et [12] , à son frère et à lui, était donc de descendre les dites valises. Il se chargerait alors de les ranger dans le coffre ou sur la galerie.
Pressés de monter dans la voiture, ils descendirent aussi vite que possible toutes les affaires, et chacun se vit attribuer une place: Papa, celle du chauffeur, Maman, celle du co-pilote, et [13] trois frères et lui, ils s'entassèrent sur la banquette arrière. L'heure du départ était enfin arrivée.
Papa tira avec [14] entrain coutumier sur le démarreur, mais aucun bruit ne se fit entendre. Plein d'espoir, il recommença la manœuvre... Il fallut se rendre à l'évidence, la batterie était à plat.
«Pas de problème, déclara [15] optimiste de père. Vous allez pousser, et le moteur va démarrer.»
[16] frère Gérard et lui descendirent de la voiture à contrecœur, et ils durent pousser. J'aime autant vous dire que la voiture était lourde, mais que [17] contenu ne l'était pas moins. Hélas pour eux, [18] deux frères étaient encore trop petits pour pousser...
Ils poussèrent donc la voiture jusqu'à la descente, et le véhicule, sous l'effet de [19] propre poids, se mit à descendre le long de la pente, et prit de plus en plus de vitesse. Quant à eux, il leur fallut courir derrière la voiture, pour ne pas perdre le contact. Effectivement, la méthode était bonne, d'abord, parce que le moteur s'était mis à marcher, et ensuite, parce qu'ils n'avaient plus besoin de faire [20] jogging. Quand je pense qu'il y a des idiots qui vont au sauna, et qui paient, pour perdre [21] kilos en trop!
Essoufflés, ils arrivèrent en courant au bas de la pente: [22] famille les y attendait.
Quelques minutes plus tard, [23] bolide quitta la ville. Ils n'étaient pas seuls sur la route: beaucoup de leurs concitoyens avaient décidé de prendre [24] vacances en même temps qu'eux. L'un deux, un peu plus pressé que les autres, les doubla rapidement et leur fit une queue de poisson: résultat, il caressa [25] voiture à l'avant, emportant [26] aile gauche. Ce fut le premier arrêt. Les deux conducteurs sortirent de [27] véhicule, échangèrent [28] adresse, le nom de [29] assurance ainsi que [30] . L'accrocheur leur présenta [31] excuses: il était pressé, car il devait retrouver [32] femme et [33] enfants dans [34] villa, au bord de la mer, et qu'il avaient prévu une promenade en mer pour midi.
Papa n'était pas très content: [35] belle voiture avait perdu un peu de [36] largeur... Mais que faire? Après tout, ce n'était pas de [37] faute. L'assurance de l'accrocheur paierait... Il remonta donc dans la Peugeot, s'assit à [38] place, et tira sur le démarreur... qui ne réagit pas. Gérard et Christian connaissaient déjà la chanson. Ils remplirent donc [39] rôle de pousseurs... Et la voiture reprit [40] route. A 20 km de là, un nuage de vapeur sortit du moteur. Papa fut obligé de s'arrêter pour voir: Ce n'était pas grave: il n'y avait plus d'eau dans le radiateur. Mais, dans [41] grande bonté, Dieu avait placé à 5 km de là une ferme, qui devait bien avoir un puits... Les deux frères se mirent en route, un bidon vide sous [42] bras. Le paysan et [43] femme furent très gentils, et leur donnèrent de l'eau. Mais [44] chien leur laissa un mauvais souvenir, car, attiré sans doute par [45] mollets, ils les raccompagna, si on peut dire, en aboyant et en essayant de leur mordre [46] jambes, jusqu'au bord de la route.
Le radiateur rempli d'eau, et une fois la voiture poussée, ils se retrouvèrent bientôt sur la route. [47] voyage se déroula sans problème, si l'on excepte la visite de trois autres fermes, jusqu'à l'entrée de l'autoroute, qui déroulait [48] ruban noir devant eux. Il était déjà midi, et le soleil provençal tapait dur sur [49] tête, et sur le capot du moteur. Ils n'étaient pas depuis dix minutes sur l'autoroute qu'un nuage de vapeur annonça l'heure de la pause. [50] père s'arrêta sur la bande d'arrêt d'urgence, sur un pont, et remit [51] nez dans [52] moteur. Pas de problème: Il n'y avait plus d'eau dans le radiateur, une durit ayant éclaté. Il suffirait d'appeler les gendarmes par téléphone. Ceux-ci viendraient avec [53] véhicule et les dépanneraient sûrement en cinq minutes.
Gérard et Christian se mirent en route pour alerter la gendarmerie de l'autoroute. Celle-ci, fidèle à [54] réputation, ne tarda pas à arriver. L'un des gendarmes, qui s'y connaissait en mécanique, changea [55] durit en un clin d'oeil. Il demanda ensuite à Papa de s'asseoir au volant, et de mettre le moteur en marche. Lui, il verserait de l'eau dans le radiateur, et ils pourraient reprendre [56] route.
Le moteur démarra tout de suite. Les deux frères se réjouissaient de ne pas avoir à pousser lorsque la voiture se mit à partir en marche arrière, se retrouva bien vite sur le pont. Là, elle tourna, se mit à traverser la chaussée, toujours en marche arrière, malgré les voitures qui arrivaient, et ne s'arrêta qu'au milieu de l'autoroute, parce que le pare-choc arrière était entré dans un piquet. Le piquet était tordu, mais [57] père était encore droit. Les gendarmes, une fois remis de [58] émotions, allèrent voir si tout allait bien et repoussèrent rapidement la voiture sur le bord qu'elle n'aurait jamais dû quitter. Les gendarmes remirent [59] nez dans le moteur. [60] diagnostic fut rapide: la durit avait tenu, mais le radiateur, sous l'effet du choc, avait reculé de 10 cm, et le ventilateur, qui se trouvait juste derrière, s'était enfoncé dans le radiateur, creusant un trou de 20 cm de diamètre.

Une dépanneuse vint les chercher, et tira [61] carrosse jusqu'à la prochaine sortie, à Mandelieu. Ils durent le laisser dans un garage, pour réparation. Un taxi les amena à Cannes, où ils prirent, avec tous [62] bagages, l'autocar pour Nice. Le pauvre Gérard, délicat de l'estomac, vomit tout le long du voyage. Heureusement, les petits derniers avaient pris [63] seau, pour jouer dans le sable, et Gérard eut tout le temps de le remplir, malgré les cris des petits, qui voulaient récupérer [64] bien.
Arrivés à Nice, ils abandonnèrent lâchement le seau dans l'autocar, et ils prirent un taxi pour aller chez [65] tante. Quel beau voyage! Mais ce n'était pas tout!

Deux semaines plus tard, le garage de Mandelieu leur fit savoir que la voiture était prête. Papa et [66] fils aîné allèrent la chercher.
Le dépannage avait coûté 500 F, la réparation du radiateur et du ventilateur 1500F. Il fallut payer pour récupérer [67] voiture, mais sans [68] aile gauche, qui, elle, manquait encore.
Le portefeuille vide, et [69] cœur gros, ils reprirent le chemin du retour. Apparemment, la voiture était heureuse de [70] nouveau radiateur, car ils arrivèrent sans nuage à Nice. Pourtant, un dernier bruit marqua la fin de [71] voyage: le pneu avant gauche avait sagement attendu d'arriver sur le parking de [72] tante pour laisser échapper [73] air. Et ce fut l'image de ce pneu, plat comme [74] portefeuille, qui conclut [75] premier voyage triomphal à Nice, en voiture.


© Christian Meunier Berlin/Marseille 2011