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Complétez par la négation qu'exige le contexte.

Ce soir-là , les Boudoux fêtaient leurs noces d'argent. Pensez donc, vingt-cinq ans [01] la moindre dispute, un quart de siècle de roses [02] épine.
Il faut dire que ces braves gens n'avaient [03] d'enfants. Ils n'avaient [04] de parents, [05] même d'amis, donc, [06] avec qui ils auraient pu se disputer.
Ce soir-là, ils avaient décidé de ne [07] sortir, de n'inviter [08] , et de fêter tout seuls, en amoureux, cette date historique.
Les Boudoux avaient mis, à cette occasion, les petits plats dans les grands. [09] ne manquait pour le banquet, [10] les boissons, [11] les mets délicats. Ils n'avaient [12] hésité une seconde à faire leurs commissions chez Fauchon, et il ne manquait [13] que la tarte de chez Lenôtre, qui devait leur être livrée dans une demi-heure.

Bien que la tarte ne fût [14] arrivée, les Boudoux décidèrent de [15] attendre plus longtemps et de passer [16] tarder à l'apéritif. Ce n'était [17] la première fois qu'ils avaient commandé une tarte chez Lenôtre, et [18] elle n'avait été livrée en retard. Il n'y avait donc [19] raison de s'inquiéter, et ils se rendirent dans la salle à manger, pour prendre un Bartissol.

A peine avaient-ils rempli leurs verres que la sonnette de la porte d'entrée se fit entendre.
« Ce ne peut être [20] notre tarte! », dit la bonne Mme Boudoux, malgré le biscuit qu'elle avait dans la bouche, et [21] plus attendre, elle se précipita vers la porte pour ouvrir.
Elle faillit avaler son biscuit de travers en voyant que ce n'était [22] la tarte, mais Hector Nifleur, le pique-assiette le plus connu de la ville.

Evidemment, vous ne savez [23] ce qu'est un pique-assiette?
Eh bien, c'est tout simple: c'est un monsieur, plus rarement une dame, qui aime rendre visite aux heures des repas, pour profiter d'un repas gratuit, que, généralement, on [24] ose lui refuser.
Mme Boudoux n'était pas [25] savoir que ce Hector était un écornifleur (synonyme plus distingué de "pique-assiette") redoutable, dont [26] [27] n'avait réussi à se débarrasser. Sa spécialité semblait bien nourrir son homme car, même s'il n'avait [28] atteint les cent kilos, il n'en était [29] très loin. Cette brave femme voulait absolument sauver son repas de fête, et pour [30] au monde elle ne voulait partager ce moment d'émotion avec l'affreux Hector.
Mais elle avait beau réfléchir, elle ne voyait [31] du tout comment se débarrasser de lui.
« Bonjour, chère petite Madame. Comme vous êtes en beauté, ce soir! Vous fêtez quelque chose?
- Non, je ne fête [32] ...»
Décidément, si [33] ne lui venait à l'esprit, Hector, qui du pied, bloquait déjà la porte, parviendrait à pénétrer dans l'appartement, et [34] ni [35] ne pourrait l'empêcher de s'inviter.
M. Boudoux, qui trouvait que sa femme restait un peu trop longtemps à discuter avec le livreur, arriva à ce moment dans le couloir. Il ne lui fallut [36] de temps pour comprendre la situation. Cet homme, que [37] ne pouvait ébranler, [38] un Hector Nifleur, eut une idée de génie.
« Comment, ma chère amie? Tu n'as tout de même [39] oublié que nous fêtions aujourd'hui nos noces d'argent? Je m'étonnais aussi que tu n'aies [40] acheté de spécial pour le repas du soir, et que tu n'aies invité [41] ! » M. Boudoux exagérait un peu en se montrant aussi macho, car il allait toujours faire les commissions avec sa femme, mais il fallait bien sauver la situation.
Mme Boudoux, qui ne comprenait [42] aux paroles de son mari, voulut protester, mais celui-ci lui coupa la parole: « Mais ce n'est [43] grave, ma chère! Allez, je t'invite au restaurant. Vous nous excuserez, mon cher Hector, mais nous sortons. Venez donc manger chez nous une autre fois...»
Mme Boudoux comprit alors le génie de son mari: ils allaient sortir tous les deux, quitter Hector au bas de l'escalier, faire le tour du pâté de maison, et revenir [44] plus tarder à la maison, pour accueillir la tarte, qui n'était [45] pas arrivée.

Ils s'habillèrent tous les deux bien vite, pour [46] laisser à Hector le temps de réfléchir. Mais celui-ci avait oublié d'être idiot.
« Je [47] peux vous laisser seuls, dans un moment aussi merveilleux pour vous! Puisque vous avez oublié d'inviter vos amis, [48] ne sera plus heureux que moi de les remplacer tous! »
Et sur ce, il se joignit à eux pour aller au restaurant.
Les Boudoux étaient effondrés. Ils ne pouvaient quand même [49] faire semblant de se rappeler qu'ils avaient préparé un repas? De quoi auraient-ils l'air? Il ne leur restait donc [50] qu'à aller, avec Hector, au restaurant.

A deux heures du matin, les Boudoux rentrèrent chez eux. Hector, qui avait un bon appétit, avait commandé de tout, et plusieurs fois. Et bien sûr, il avait prétexté un rendez-vous urgent pour partir avant l'arrivée de l'addition, [51] sans avoir remercié les Boudoux.
Comble de malchance, la lumière de leur palier ne marchait [52] . M. Boudoux fut tout surpris, dans l'obscurité, de marcher dans quelque chose de mou, qu'il [53] put identifier. Une fois la porte de l'appartement ouverte, il alluma la lumière, et s'aperçut qu'il avait marché dans la fameuse tarte de Lenôtre, et qu'il avait mis plein de crème sur le tapis. A côté de la tarte, Mme Boudoux découvrit un petit mot: ne trouvant [54] , le livreur avait jugé bon de laisser la tarte devant la porte.
Et dans la salle à manger, les pâtés, charcuteries, tranches de saumon et sauces diverses avaient bien triste mine, décomposés qu'ils étaient par la chaleur ambiante.
Mme Boudoux, à bout de forces, s'assit sur une chaise et se mit à sangloter sur le pâté...
Elle n'oublierait [55] de si tôt ses noces d'argent.


© Christian Meunier Berlin/Marseille 2011